The Call of the Wood

Depuis ses travaux liminaires, le bois est au centre de la pratique artistique de Claudia Comte. Support pictural dans un premier temps, médium idéal de ses pyrogravures déployées dans l’espace, dans un second temps, pour arriver finalement à ses sculptures biomorphiques à la tronçonneuse qui déclinent avec virtuosité un vocabulaire emprunté à un modernisme primitif.

Le travail du bois nécessite un savoir faire qui relève de l’artisanat. L’ambiguïté de la démarche, dont le dessein est résolument artistique, ne fait qu’enrichir en significations les champs stylistiques auxquels l’artiste fait références. L’aube du XXème siècle, digérant la révolution industrielle, avait invité la machine au centre des préoccupations artistiques. L’artiste disposait de nouveaux moyens de production l’orientant vers un principe de délégation que Claudia Comte évite en retournant au travail manuel digne d’un artisan.

Soleil noir est un suite de quatre gravures sur bois modulables. Le motif est identique sur les quatre planches, mais des déclinaisons subtiles se révèlent grâce au mode de gravure peu conventionnel; la tronçonneuse, ici utilisée à contre-emploi pour tracer des lignes fines dans le bois. Ces lignes droites, articulées méticuleusement, forment des ellipses qui donnent une illusion de volume. Le geste est radical et met spectaculairement en lumière l’aspect irréversible de la gravure. Claudia Comte joue ici encore des codes et des techniques pour s’approprier un héritage qu’elle projette dans son propre univers formel de motifs géométriques répétitifs.

Guillaume Pilet