couverture
2009
image 1
«Elles mordent, les ombres,
dans la roche exposée nue

Les dents de neige,
aux mâchoires du ciel, découpent,
déchirent,
salivent
dans les voies ravinées

Un jour a muré ses messages

Demain trouvera une faille
dans le balancement
des chairs suspendus,

Les écrira
en caractères mouvants.»
image 2
«Une droite conduirait
vers ces zones d’éblouissement
où le soleil fractionne ses rayons,
les recompose en rigueurs géométriques

Des ellipses en réponse
tracées aux sinuosités des revers:
clairs-obscurs patients
en attente d’illumination.»
image 3
«L’heure décroche ses aiguilles
coule en fusion
dans son moule de sable humide

La terre couleur fauve
bondit de la neige
quand les fontes ceignent
en «Anneaux de Newton»

Reliefs en mouvance
au temps des scories»
image 4
«Passage au crépuscule
toutes les lumières tendues
Vers le fruit mûr
qui tombera de sa branche
sur le flanc exposé.

La peau de velours sera brève
à la pente froidie

L’abricot a pris cette toile rêche
comme trame de sa chair

L’ombre portée s’étale
en scintillements.»
image 5
«Chaque matin d’autres montages
quand l’eau du thé ruisselle
sur les carreaux de la vitre.

Mais celui-là, unique,
s’échappe des ravinements,
précipite l’infusion
diffuse ses parfums
en volutes s’élevant
des parois d’un bol
incrusté de nuages.

Signes précoces.»
image 6
«Le vent d’est, ses rafales
pour franger la crête,
façonner les corniches

Poussières projetées
sur fond de ciel sombre

Au sud réplique du souffle brûlant:
un tourbillon de sable ocre
aspiré des dunes

La rencontre a lieu
dans un creuset de roche
d’où surgit l’or
d’un soleil se levant»
image 7
«Il fait nuit
mais aussi jour de lune

Du plein au délié
les lignes en brisures

Faute d’ailes, il faut marcher
jusqu’au passage à l’équinoxe

Dans le halo,
des têtes pures existent,
d’où jaillirait un cantique

Ses paroles écrites
dans la page émargée.»
image 8
«Ce matin, le cristal de roche
ôté de ses grottes
par le pic du burin,
aveugle sous les rayons

Le prisme entre les mains,
sa dureté
lumières concentrées
au point de réfraction
où l’oeil taille en arrêtes vives
les faces du jour.»

Ce mot n’existe qu’au présent-singulier pour traduire les mailles d’une chaîne liée aux échanges vernaculaires que magnifie une vallée.
Mais il est riche des alluvions concédées par le flot d’une histoire perpétuelle.
D’une eau limpide!
Une appogiature – peut-être – inscrite à la portée d’une partition, pour agrémenter la musique composée.
Ici la roche d’éclats bruts a brasé les griffes de métal incrustant les gemmes serties.
D’une «eau» limpide!
Selon le temps et le rythme, la succession des fêtes, le minéral érige ses pics scintillants, ou doigts gantés, pour dire la douceur des effleurements.
Une autre absence encore!
Succession de crues, hâchures codifiées, méandres aux feuilles des cartes géographiques.
Aussitôt lues qu’effacées!
Un rideau se tisse, de fibres denses, monte jusqu’aux limites assignées au blanc, où le bleu le rejoint.
C’est là qu’il se suspend aux tringles d’un rideau, déroule son drap.
De la neige aussi, en apparitions et disparitions lentes!
Dans les profondeurs s’activent les forces telluriques, quadrillages vibratoires.
Réseaux d’énergies imprégnant les sources.
Invisibles, mais agissants.

 

André Clerc

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